Jean-François MUTZIG
En 1984, il va à la lumière et s’installe à Manosque, dans les Alpes de Haute-Provence. Depuis 1990, Jean-François Mutzig mène de front une activité de journaliste dans la presse régionale (Dauphiné Libéré) et un travail de reporter free-lance qui l’amène à publier ses images.
En 1993, il rejoint l’agence Biosphoto, spécialisée dans les thèmes de la nature et de l’environnement, pour la diffusion de ses photographies. Jean-François Mutzig porte un regard ébloui sur sa région d’adoption. Ses photographies en magnifient les paysages et les gens qui les habitent. Son travail sur le pays des Ocres à Roussillon et à Rustrel explore les anciennes carrières au moment du départ des derniers ocriers. Ses photographies ont fait l’objet de plusieurs livres et publications dans des magazines. Il a partagé, pendant un an au gré du vent, le quotidien des pilotes de la société France Montgolfières, aventure qui aboutira à l’album « La Haute Provence en ballon ». Plus récemment, le charme des jeunes touristes asiatiques s’ébattant sur plateau de Valensole lui a inspiré l’ouvrage « Femme lavande » sur des textes de l’écrivain René Frégni.
En tant que reporter, Jean-François Mutzig s’intéresse à l’évolution du monde actuel et ses conséquences culturelles ou environnementales. Il pose un œil bienveillant sur l’humanité sous toutes les latitudes : les mineurs vietnamiens dans leur dur labeur, les charbonniers malgaches et leur univers, les pêcheurs italiens à l’œuvre. Le regard qu’il porte sur ce monde se situe dans la tradition de la photographie humaniste ; des images prises dans un grand respect du sujet, qui en font ressortir toute la dignité et qui mettent en avant des liens de confiance entre le photographe et la personne photographiée.
Des éléphants et des hommes
Son projet au long cours sur le thème « Des éléphants et des hommes » synthétise l’esprit de sa démarche de photographe. Depuis quatorze ans, Jean-François Mutzig sillonne l’Asie, pour portraiturer l’animal dans sa relation ancestrale avec l’homme : l’éléphant, prince d’un jour pendant les fêtes en son honneur mais aussi la victime des maux qui affectent les humains.
En 2015, l’exposition installée à Monaco, à la Galerie des Pêcheurs, est inaugurée par le Prince Albert II. Ce travail lui a valu le Prix Spécial du Jury au prestigieux « Days Japan International Photojournalism Awards 2017 » pour son reportage sur le débardage des bois précieux au Myanmar. En ces moments de mondialisation effrénée et d’uniformisation des modes de vie, il va à la découverte de comportements humains authentiques. Ses images s’attachent à montrer l’homme dans son activité quotidienne et à débusquer comme des valeurs rares mais sûres, l’harmonie et la paix qu’il entretient avec ses congénères et son environnement.
En 2015, Jean-François Mutzig s’est vu décerné la médaille de Chevalier des Arts et des Lettres par la ministre de la Culture Fleur Pellerin. En 2017, le livre « Des éléphants et des hommes » paru aux éditions les Clichés de l’Aventure, sort des presses de l’imprimerie Escourbiac. En mars 2018, son reportage « La Rapa das Bestas » reçoit à Bellême, le prix du reportage et le prix de la photo de l’année décernés par le jury du concours « les Photographies de l’année ». Le magazine Geo lui consacre un portfolio sur la « Rapa das Bestas » dans son Hors série du mois de septembre 2018, intitulé « Vivre heureux, le modèle nordique ».
«Des éléphants et des hommes» Jean-François Mutzig. Vénération, craintes réciproques, travail, loisirs, sont autant de facettes de la relation complexe qui unit les hommes et les éléphants en Asie du Sud-est…. Aujourd’hui, leur cohabitation conflictuelle risque de mettre fin à une histoire qui remonte à plusieurs millénaires.
Entre photojournalisme et documentaire, les photographies de Jean-François Mutzig célèbrent la relation qui existe entre les hommes et les éléphants et dont les premières traces remontent à 5 000 ans. Des photos vivantes, à presque entendre et sentir ce bel animal, un travail qui donne à réfléchir. Se concentrant essentiellement sur l’Asie du Sud-est, le photographe a capturé l’essence d’une relation complexe, entre amour et haine, crainte réciproque et confiance mutuelle dans le travail et la vie quotidienne.
C’est en 2004 que Jean-François Mutzig a rencontré ses premiers éléphants, avec les Karen qui partent débarder du bois précieux au Myanmar. Ils vivent dans des camps à la frontière birmano-thaïlandaise, dans le nord du Siam, depuis qu’ils ont fuit la junte. En Thaïlande, la coupe des bois précieux est interdite mais pas de l’autre côté de la frontière où les éléphants sont utilisés pour tirer les troncs qui pèsent parfois plus d’une tonne. Depuis 15 ans, ses reportages le conduisent au Sri Lanka, au Cambodge, au Laos, au Myanamar, en Inde, au Vietnam, en Thaïlande et au Népal où il a récolté des milliers de clichés de l’animal dans sa cohabitation particulière avec les humains.
Un éléphant, prince d’un jour lors des fêtes somptueuses en son honneur ou éternel exploité par l’homme dont il partage aussi parfois la misère. Car cette quête s’intéresse surtout au mystère de ce lien puissamment tissé par une longue histoire commune, faite de complicité et de domination. L’intimité de cette relation, le photographe la surprend dans les regards réciproques, et dans les gestes, les contacts corporels entre l’éléphant et son cornac. Des moments de grâce qui humanisent l’animal, transcendés par le noir et blanc qui souligne chaque sillon de la peau du pachyderme, chaque ride de l’homme.
Vénéré, sacré, l’éléphant est un pilier de la religion et de la culture asiatique mais il représente aussi une menace pour le genre humain qui utilise le même espace. L’éléphant n’a pas le moyen de se défendre, par rapport à la déforestation, à la destruction de son habitat naturel. L’animal, privé de nourriture se nourrit dans les champs, dans les villages générant des conflits de territoire avec les populations autochtones.
En Inde, le dieu Ganesh est le symbole de l’intelligence, le seigneur des obstacles. Cette fois, il semble que l’éléphant parviendra difficilement à surmonter l’obstacle suprême que peut représenter l’indestructible volonté humaine. Il est bien loin le temps où les éléphants et les hommes ne formaient qu’un seul peuple… Ce travail photographique apporte un regard essentiel sur la relation unique, à l’heure où les jours des éléphants sont comptés.