Pascal MAITRE - BAOBAB
Lors de mon premier séjour à Madagascar, en 1994,( juste après la fin de la Deuxième République Malgache, présidée par Didier Ratsiraka , surnommé « L’Amiral Rouge » qui prôna un socialisme très dur et ferma le pays à la presse et aux photographes étrangers) le pays s’ouvrait et c’était extraordinaire de découvrir ce pays et de pouvoir s’y déplacer librement. Les routes étaient détruites et encore très peu d’étrangers voyageaient sur la grande île. Après un très long voyage, je me rendis à Morondava sur la côte ouest, et de là, à la fameuse allée des baobabs. C’était en fin d’après-midi, la lumière était incroyable, elle sculptait les formes de ces immenses arbres, les hommes et les femmes rentraient des champs, j ‘avais l’impression, en me promenant au milieu de cette forêt de baobabs, de voyager dans un monde fantastique !
La légende dit que Dieu était très en colère, quand il créa les baobabs et qu’il les planta à l’envers, les racines vers le ciel et ne laissa que de minuscules racines, pour maintenir ce gigantesque arbre sur le sol.
Plusieurs années après en 2010, lors d’un reportage à Madagascar, pour le magazine National Geographic, j’ai eu la chance de survoler en hélicoptère, grâce à l’exceptionnel pilote Philippe Mathieu qui malheureusement disparut en vol un mois après notre voyage, la grande allée des baobabs, près de Morondava, mais aussi de longer le fleuve Mangoky. Ce majestueux fleuve est bordé, dans sa partie la plus inaccessible, de splendides baobabs Adanson Grandidieri , les plus grands et les plus imposants au monde. Ils peuvent atteindre 40 mètres et peser l’équivalent du poids d’un avion Airbus A380 ,soit 278 tonnes !
Après ce voyage, les baobabs ont commencé à fortement m’intriguer. J’ai rencontré Pascal Danthu, à Antananarivo, qui était le responsable du CIRAD (Centre de coopération Internationale en recherche agronomique pour le développement) pour l’Océan Indien.
Lorsque ces géants sont à terre, la population les découpe pour faire des planches avec le bois, des cordes avec l’écorce .On a l’impression de grosses baleines échouées, que l’on est en train de dépecer.
Dans ce village de Kirindy, officie le guérisseur traditionnel Takire. Il fait toujours ces cérémonies sacrées, au pied d’un baobab sacré qui lui a été recommandé par les Esprits. J’ai assisté, au pied du baobab sacré de Takire, à la guérison troublante d’une jeune-fille qui était habitée par un esprit maléfique.
Selon la croyance malgache, c’est dans un baobab, qu’Imbelo le premier homme, a sculpté sa compagne.
Plus je découvrais le monde des baobabs, plus j’étais subjugué par cet arbre !
Poser sa main sur le tronc d’un de ces grands arbres est très étrange, une étrange communication vous unit avec l’arbre et la Terre !
Après ce voyage chez les Baobabs, plus jamais je ne regarderai un arbre de la même manière !
« Celui qui cherche à remuer un baobab, ne fera que remuer sa propre tête »
« Plus on arrache l’écorce du baobab, plus il devient gros »
« Si un petit arbre sort de terre, sous un baobab, il meurt arbrisseau »
« La science est le tronc d’un baobab qu’une seule personne ne peut embrasser »
« Le baobab est immense, une graine en est la mère »