C'est à l'âge de 14 ans, alors qu'elle était à Venise, en Italie, avec sa famille, que la photographe documentaire et productrice multimédia Chiara Negrello a utilisé un appareil photo pour la première fois. Née à moins d'une heure en train de Venise, à Rovigo, elle s'était déjà rendue plusieurs fois dans cette ville auparavant. « Quand j'ai regardé dans le viseur de l'appareil photo, Venise s'est transformée sous mes yeux. La ville semblait beaucoup plus féérique », se souvient-elle.
Cette première expérience a inspiré Chiara à pointer son appareil photo vers d'autres sujets familiers. « Mon instinct m'a poussée à m'intéresser à la vie des personnes. J'étais curieuse de connaître leur histoire », raconte-t-elle.
Chiara Negrello
Lorsqu'il était plus jeune, le père de Chiara a aidé des familles musulmanes à s'intégrer dans le village à leur arrivée, en leur apprenant l'italien et en les présentant aux membres de la communauté.
« J'ai demandé à mon père de demander à son ami Mustafa si je pouvais vivre avec sa famille pour quelque temps, afin de photographier son quotidien. Je souhaitais vraiment découvrir et comprendre un environnement qui m'était inconnu au travers d'un appareil photo », se souvient-elle en décrivant ce besoin qui a motivé sa carrière de photojournaliste.
Lieu : Italie ; Asie du Sud-Est
Domaines de spécialisation : photojournalisme, réalisation de documentaires
Kit préféré : Canon EOS R5
Canon EF 35mm f/1.4L USM
Chiara a étudié la photographie à l'Académie libérale des beaux-arts (LABA) de Florence, en Italie, où elle a obtenu son diplôme en 2017. Elle a travaillé pendant quelques années en tant que photographe publicitaire indépendante, ce qui lui a offert une indépendance financière et la liberté de travailler sur d'autres projets documentaires. En 2020, elle a décroché une bourse d'études Reuters pour étudier la réalisation de documentaires et le journalisme visuel à l'International Center of Photography de New York.
Toutefois, la pandémie de Covid-19 a empêché Chiara de faire le voyage et le cours s'est donc déroulé à distance. Chiara a dû trouver une histoire à raconter près de chez elle. C'est à ce moment-là qu'elle vivait avec les pêcheuses du delta de Pô et qu'elle a réalisé la série intitulée Like the Tide, son travail le plus connu à ce jour.
Pour Chiara, la cohérence est essentielle. « J'adapte chaque histoire à mon style et non l'inverse », explique-t-elle, tout en soulignant l'importance de l'expression de soi et de ses sujets dans son travail. Chiara porte une attention particulière à l'éclairage. Elle se sert notamment de l'interaction entre la lumière et l'obscurité pour souligner des thèmes tels que l'expérience universelle de la féminité et de la souffrance dans sa série Like the Tide. Plutôt que de chercher à obtenir un résultat précis, Chiara préfère observer la façon dont la lumière naturelle tombe sur ses sujets.
« J'étais une enfant timide qui préférait rester discrète et silencieuse », explique-t-elle. Selon elle, cela a contribué à sa capacité à observer et à se connecter véritablement à son environnement. « Je pensais que ma timidité constituerait un frein pour établir un lien avec les personnes. Avec le temps, j'ai appris à dépasser cette facette de ma personnalité et je peux désormais approcher mes sujets avec empathie de façon plus confiante. »
Au travers de la photographie, Chiara peut communiquer au-delà des mots, ce qui lui permet de construire des relations avec des sujets de différents horizons aux quatre coins du monde.
Préférez-vous raconter une histoire au travers de photos ou de vidéos ?
« Certaines histoires se racontent mieux au travers d'images fixes, tandis que d'autres sont plus propices au format vidéo. Certaines se racontent même mieux uniquement avec le son. L'un des points essentiels de mon travail est le choix du moyen le plus adapté pour raconter une histoire. Par exemple, j'ai récemment filmé l'histoire d'une Vietnamienne qui a commencé à nourrir des singes déplacés vers une île isolée du fait de la destruction de leur habitat naturel par la déforestation. Avec les photos uniquement, mon public n'aurait pas pu entendre la façon dont elle parlait aux singes, telle une maman poule, ni les cris qu'ils poussaient lorsqu'ils l'entendaient arriver. »
Quel est le travail dont vous êtes le plus fière ?
« En 2020, j'ai vécu avec une communauté de femmes dans le delta de Pô au nord-est de l'Italie. La plupart des femmes de cette région travaillaient autrefois dans des usines de textiles. Mais la crise de l'industrie textile des années 1980 les a forcées à trouver un nouvel emploi. Au même moment, des palourdes se sont implantées dans les eaux peu profondes du delta, offrant une opportunité de travail à ces femmes, au sein d'une industrie halieutique autrefois majoritairement masculine. J'ai vécu avec ces femmes durant la pandémie de Covid-19 tout en étudiant à distance à l'ICP. J'étudiais jusqu'à une heure du matin, puis je me réveillais à quatre heures pour aller pêcher des palourdes. C'était une période difficile, mais je suis fière de m'être investie dans cette histoire. J'ai intitulé la série Like the Tide et elle a été publiée dans le National Geographic, parmi d'autres publications. J'ai beaucoup apprécié que mon travail soit reconnu, mais je suis encore plus fière de ma contribution envers la communauté. En mettant en lumière son histoire, j'ai donné l'opportunité au monde et à la communauté elle-même de rendre hommage aux pêcheuses. Quelques années après la diffusion du projet, la ville a reconnu deux pêcheuses que j'ai photographiées comme étant parmi les premières à exercer cette profession. »
Quel travail a eu le plus de répercussions sur vous ?
« Ma grand-mère avait une auxiliaire de vie ukrainienne, qui l'a accompagnée jusqu'à la fin de sa vie. J'ai commencé à la prendre en photo pour comprendre les aspects émotionnels de cette profession. Au même moment, les tensions prenaient de l'ampleur. J'ai donc décidé d'étendre le projet à l'ensemble de la communauté et l'histoire est devenue plus nuancée. Lorsque l'invasion a commencé, je disposais de l'équivalent de trois mois de contenu, lequel a fini par être publié dans The New York Times et m'a permis de recevoir la bourse de la Fondation Rita et Alex Hillman afin que je puisse me consacrer une année de plus à ce projet. L'histoire était très émouvante et m'a profondément touchée, à la fois en raison du décès de ma grand-mère au milieu de l'année subventionnée, mais aussi de par mon immersion dans le chagrin et la douleur des personnes qui vivaient le conflit à distance. »
Comment choisissez-vous vos histoires ?
« J'explore les façons dont l'économie affecte la vie des personnes et comment un seul produit peut avoir des conséquences sur le quotidien de plusieurs générations. Au Vietnam, j'ai relaté l'histoire des drones agricoles utilisés dans les rizières du delta du Mékong. L'introduction d'une approche aussi innovante dans la culture d'un produit figurant au cœur de sa culture illustre l'esprit du pays. Le drone offre également de nouvelles opportunités d'emploi pour les jeunes générations des milieux ruraux. J'aime aussi travailler autour des femmes fortes et indépendantes, car elles constituent mon modèle, comme les pêcheuses qui ont persévéré dans une profession que tout le monde considérait comme masculine ou les auxiliaires de vie ukrainiennes qui ont continué à s'occuper chaleureusement de nos aînés alors que leurs familles vivaient sous les bombes. Je souhaite être comme ces femmes. Les photographier ou réaliser des films à leur sujet constitue ma façon de leur montrer mon respect. »
Ce que je sais
Chiara Negrello
« Réaliser des documentaires ou des séries de photos sur un sujet requiert une certaine cohérence. Il faut rester constant dans la poursuite de votre histoire et abandonner l'idée que vous réaliserez de grandes avancées chaque jour. En travaillant quotidiennement sur votre histoire, vous serez en mesure de vous rendre compte du chemin parcouru. Il en va de même pour la publication de votre travail. Vous essuierez de nombreux refus, mais vous devez croire en ce que vous faites et y travailler quotidiennement. C'est un sentiment magnifique de travailler sur des histoires qui sont importantes pour soi. Mais il est parfois difficile de ne pas faiblir face à d'autres personnes qui n'y portent pas autant d'intérêt. C'est dans ces moments que vous devez défendre votre travail et y croire plus que jamais. C'est lorsqu'on croit en son travail et non lorsqu'on produit ce que l'industrie attend de nous que l'on obtient les meilleurs résultats. »
Instagram : @negrellochiara
Site Web : www.chiaranegrello.com
L'équipement de Chiara Negrello
Kit utilisé par la plupart des photographes professionnels
Appareil
Canon EOS R5
Que vous souhaitiez créer des photos, des vidéos ou un mélange des deux, les performances exceptionnelles de l'EOS R5 révolutionneront votre créativité. « J'ai besoin d'un appareil photo rapide et silencieux, qui me permet de capturer des instants éphémères tout en restant discret », explique Chiara. « L'EOS R5 est le compagnon idéal. En outre, sa capacité à rendre le passage entre la photo et la vidéo aussi intuitif le rend encore meilleur. »
Objectifs
Canon RF 24-105mm F4L IS USM
Un objectif très polyvalent doté d'un zoom 24-105 mm offrant aux photographes et aux cinéastes un compromis parfait entre performances, portabilité et qualité d'image. « Au début de ma carrière, je pensais que je n'utiliserais jamais un objectif zoom », explique Chiara. « Toutefois, lorsque j'ai commencé à m'intéresser à la vidéo, cet objectif est devenu un excellent allié. Étant donné que je travaille principalement sur des récits documentaires, chaque instant est unique et impossible à reproduire. Un objectif polyvalent constitue l'outil idéal qui me permet d'avoir confiance en la façon dont je souhaite interpréter chaque image. »
Canon EF 35mm f/1.4L II USM
Le successeur de l'objectif préféré de Chiara est prisé par les photographes de reportage pour sa perspective naturelle, ses capacités en basse lumière et ses excellentes performances optiques. « J'aime particulièrement réaliser des prises de vue à 35 mm, car il s'agit du premier objectif fixe que j'ai acheté », explique Chiara. « C'est avec cet objectif que j'ai appris à comprendre les distances. De plus, son ouverture f1.4 garantit des résultats même en basse lumière. »
Canon EF 50mm f/1.8 STM
Objectif haute qualité abordable, idéal pour réaliser des portraits créatifs et des photos en basse lumière. « Je trouve qu'il est difficile de créer un cadre avec cet objectif, mais c'est un défi que j'aime relever et qui m'aide à progresser en tant que photographe », souligne Chiara.
Canon EF 85mm f/1.8 USM
Doté d'une focale courte, d'une large ouverture maximale et d'une vitesse d'autofocus rapide, l'EF 85 mm f/1,8 USM est un téléobjectif idéal pour les photographes spécialisés dans les portraits. « Je préfère plutôt réaliser des prises de vue horizontales », confie Chiara. « Toutefois, lorsque je place mon 85 mm sur mon appareil photo, je ne prends que des photos verticales. Cet objectif me pousse à capturer les détails, les regards, les gestes. Je pense qu'il m'aide à créer des images qui mettent en lumière des détails qui auraient tendance à se perdre et à être dissimulés dans un cadre plus large. Ces éléments offrent au spectateur une vision plus intimiste de l'histoire. »
Accessoires
Bague d'adaptation monture Canon EF-EOS R
Conçue pour être utilisée avec le système Canon EOS R, cette bague d'adaptation permet d'utiliser des objectifs EF et EF-S avec l'appareil photo EOS R en toute simplicité.
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