Comment avez-vous appelé les écureuils ?
« Baby Pear, parce que celui-ci aimait manger des poires. Il y avait aussi un écureuil assez particulier que j'ai appelé Ghost. C'était une femelle. Elle était très à l'aise avec moi, et très calme, mais elle pouvait surgir soudainement de nulle part. J'ai réalisé plus tard qu'elle avait creusé des tunnels sous la neige et que c'est de là qu'elle sortait. C'était déroutant ! D'autres écureuils émettaient un cri pour me prévenir : 'Je sais que tu es là, mais ne t'approche pas !', mais Ghost ne l'a jamais fait. Elle était très froide, très silencieuse comme un fantôme. »
À quoi ressemble une journée sur le terrain ?
« Cela dépend de l'espèce de l'animal et de l'endroit où je me rends. S'il s'agit d'un site accessible et que je connais les animaux, je dois me préparer aux conditions ou à une longue journée. Je dois m'occuper de la logistique, par exemple trouver un moyen pour me rendre sur une île. S'il s'agit de retrouver un animal au cœur d'une forêt, je dois rechercher des traces, telles que des excréments, des empreintes ou des poils. Lorsque je sais à peu près où se trouve l'animal, j'installe une caméra de surveillance. Il s'agit d'un système tout-en-un comprenant une caméra, un capteur et une lumière infrarouge. Parfois, cela peut prendre des mois avant de trouver quelque chose. Comprendre l'écologie, l'habitat et le comportement de l'animal facilite les choses. »
Quel est votre processus de post-production pour les photos ?
« Je suis très exigeante : je supprime environ 95 % des photos que je prends. Les photographes animaliers prennent des milliers de photos. Par conséquent, même en étant aussi intransigeant sur la qualité, il vous reste quand même des centaines de clichés. À ce stade, j'attribue une évaluation de cinq étoiles à mes meilleures photos. Ensuite, j'effectue quelques retouches de base, par exemple en accentuant les zones sombres et en augmentant la luminosité. Je peux passer des heures sur une image pour qu'elle soit parfaite. Je retouche mes photos pour les publier sur deux médias : YouTube et Instagram. Je commence par un montage 16x9 pour YouTube. Cela correspond au format Letterbox que j'aime beaucoup, puis je passe au format Portrait pour Instagram. Cela prend un certain temps ! »
Et combien de temps vous faut-il pour monter une vidéo ?
« Cinq ou six jours environ. Cela requiert beaucoup de travail : organiser les séquences, puis créer un scénario comprenant des vlogs et des voix off. La concurrence est rude sur YouTube. Les gens regardent les 45 premières secondes d'une vidéo et si elle ne leur convient pas, ils passent à la suivante. La première minute est donc cruciale et c'est là que j'insère souvent les meilleurs clips. J'essaie également de soigner la narration afin de captiver le public. Ce n'est pas toujours simple lorsque la nature est calme et que l'action évolue lentement. »
Quelle est votre expérience la plus mémorable avec les animaux sauvages ?
« Je n'avais pas d'appareil photo avec moi à l'époque, mais j'étais assise sur un arbre, en train de déjeuner, dans la forêt tropicale du Costa Rica. Soudain, j'ai entendu des grognements et j'ai vu le feuillage bouger, puis deux pumas mâles en sont sortis. Il s'agissait clairement d'un conflit territorial – un puma plus âgé poursuivait un plus jeune – et ils sont passés à environ cinq mètres de moi, sur ma gauche. Peut-être qu'ils ne m'ont même pas vue. C'était à la foi effrayant et fascinant. Une autre fois, nous avions placé des caméras de surveillance sur les sentiers pour surveiller la faune et nous avons alors découvert qu'un puma me suivait depuis une heure. Finalement, il ne s'est jamais montré, mais il était simplement curieux. Voilà deux souvenirs particulièrement marquants. »