Julia Roger-Veyer

« J'ai eu des engelures aux orteils il y a quelques années, je ne suis pas très à l'aise dans le froid. C'est mon ennemi », plaisante Julia Roger-Veyer, photographe de sports et d'action. Malgré son aversion pour les températures négatives, elle a bâti sa carrière de photographe de sports d'aventure en haute altitude, souvent dans des conditions extrêmes.

Née à Paris, Julia a souvent passé ses vacances dans les montagnes françaises, notamment les Alpes, avec sa famille. Son grand-père photographiait et peignait toujours ces paysages spectaculaires et il lui a appris à utiliser un appareil photo analogique. « J'avais toujours un petit appareil photo avec moi lors de ces voyages, se souvient Julia. Le premier que j'ai acheté était le Canon EOS 500D, et c'est à ce moment-là que j'ai commencé à prendre la photographie au sérieux. »

Julia, que rien n'arrête, a décidé de devenir infirmière, un métier qu'elle exerce encore aujourd'hui, et emporte toujours un appareil photo lors de ses nombreuses expéditions à travers les paysages enneigés.

Les femmes photographes étaient rares lorsque Julia était petite, et c'est, pour elle, sa principale source de motivation. « Quand j'étais petite, les femmes ne faisaient pas ce genre de choses, confie-t-elle. Je souhaite toujours renforcer mes compétences et être meilleure chaque fois que je prends mon appareil photo. Je veux me dépasser et évoluer. Il est important pour moi de montrer que les femmes peuvent travailler en extérieur et être des photographes de montagne. Si je peux aider des jeunes femmes photographes à avoir confiance en elles, c'est un message suffisamment fort pour moi. »

Julia affirme que ce qu'elle préfère dans la photo, c'est la possibilité d'immortaliser un moment spécial. En 2021, elle passé deux jours à explorer un glacier avec son ami, l'alpiniste Jeff Mercier. « La première journée n'était pas géniale, car la lumière n'était pas bonne, et nous étions un peu déçus des photos, se souvient-elle. Mais, à la fin de la journée, nous avons escaladé le glacier et découvert un gouffre magnifique que nous avons décidé de descendre en rappel le lendemain matin. »

Sa profondeur était d'environ 20 à 25 mètres, se souvient Julia. « Mais la glace était tellement belle, d'un bleu si intense, raconte-t-elle. C'était un peu effrayant, car je n'avais pas beaucoup d'espace pour prendre des photos. Je n'étais pas dans la position la plus confortable et il faisait sombre. Mais j'ai vu Jeff utiliser son piolet, et la glace qui nous entourait était magnifique. Je voulais réaliser cette prise de vue [ci-dessus à gauche] et j'y suis parvenue. »

Compte tenu du lien profond que Julia entretient avec la nature, elle réfléchit en permanence à l'impact du changement climatique. « J'ai été stupéfaite de constater à quel point la Mer de Glace [le plus grand glacier de France] avait évolué au cours des trois dernières années, dit-elle. Chaque fois que je fais des photos là-bas, je suis triste de voir plus de rochers que de glace. Bien que les moulins soient grands et profonds, ce qui est idéal pour la photographie, la disparition du glacier est regrettable, et cette constatation a une grande importance pour moi. »

Quel message Julia souhaite-t-elle transmettre à travers ses photos ? « S'émerveiller de tout et étonner tous ceux qui nous entourent, dit-elle. Il y a beaucoup de photographes et nous avons tous quelque chose à partager. C'est grâce à notre curiosité que nous pouvons réaliser de magnifiques photos. »

Quelles sont les températures les plus froides auxquelles vous avez été confrontée pour réaliser vos prises de vue ?

« C'était l'hiver dernier, à l'occasion de la Coupe du monde d'escalade de glace : il faisait -22 °C. Nous étions dans une petite vallée qui ne voit jamais le soleil en hiver. Il faisait très froid et nous étions dehors toute la journée. J'emporte toujours avec moi plusieurs paires de gants fins et de mitaines pour pouvoir en changer fréquemment. À la fin de la journée, j'étais soulagée de constater que la batterie de l'appareil photo était encore chargée. J'ai donc eu plus de mal à résister au froid que mon équipement ! »

Comment gérez-vous votre équipement sous des températures glaciales ?

« J'ai vu des photographes transporter des pinceaux pour enlever les flocons de neige de leurs appareils photo et de leurs objectifs afin d'éliminer tout risque d'humidité, mais je ne l'ai jamais fait. J'ai une grande confiance en mon EOS 5D Mark III parce qu'il est très solide. Il a résisté à mes expéditions en montagne et à l'escalade de parois de glace. »

Est-ce que vous voyagez léger en règle générale ?

« Je n'ai pas le choix. L'équipement est lourd. J'emporte donc toujours un boîtier d'appareil photo et un ou deux objectifs, mais tout dépend de la situation. Je ne peux pas changer d'objectif lorsque je suis à l'intérieur d'un glacier parce qu'il est humide et que je suis attachée à une corde, et je dois me concentrer. Je planifie toujours les photos que je souhaite prendre dans chaque expédition. »

Qu'appréciez-vous particulièrement en tant que photographe ?

« La photographie a façonné ma vision du monde. Je ne sais pas comment les autres perçoivent le monde, mais en tant que photographe, je trouve qu’il est unique. Je suis devenue plus sensible à mon environnement, aux détails subtils et aux gens. Je n'y serais pas parvenue sans la photographie. »

Qu'est-ce qui vous a rendue le plus fière jusqu'à présent ?

« Le fait d'avoir été sélectionnée pour devenir ambassadrice Canon. Je ne m'y attendais pas et je ne réalise toujours pas complètement. Ce fut un moment magnifique et cela compte beaucoup pour moi. »

« N'ayez pas peur de rater des photos. Intéressez-vous à la montagne et à la nature. Adaptez-vous à l'endroit et à l'environnement, informez-vous systématiquement sur la météo et tenez compte de son évolution. Mais surtout, ayez confiance en vous. »

Instagram : @julia.ascentphotography