« Je raconte les histoires de personne qui vivent dans des conditions difficiles, par exemple lors d'une guerre ou d'une crise », explique la photographe Laurence Geai, installée à Paris. « Avant de devenir photojournaliste, j'étais journaliste. J'adore les images fixes car elles restent gravées dans les mémoires. Le fait de réaliser des images qui restent ancrées est très important pour moi, c'est vraiment ce que je veux réussir à faire. »
Envoyée régulièrement en mission par le journal français Le Monde, à l'étranger mais également en France pour couvrir des sujets politiques, Laurence a publié son travail dans le Washington Post, Elle, Paris Match et Polka, parmi d'autres. Elle a travaillé pour des ONG telles qu'Amnesty International et est représentée par l'agence de photographie MYOP.
Laurence Geai
Lorsqu'elle était enfant, Laurence Geai a été inspirée par la passion de son père pour la photographie. Il adorait utiliser son objectif lors de ses voyages en train, tandis que Laurence utilisait ses appareils photo jetables pour photographier les animaux de la ferme de ses grands-parents. « C'était ma première découverte du métier », se souvient-elle en riant. « Mais je ne photographiais personne lorsque j'étais enfant, seulement les animaux. » Plus tard, au décès de son grand-père, elle a utilisé l'argent d'un petit héritage pour s'acheter un véritable appareil photo, le Canon EOS 50D, qui s'est révélé le point de départ de sa carrière.
Domaines de spécialisation : photojournalisme et photographie de guerre
Équipement de prédilection : Canon EOS R5
Canon EF 35mm f/1.4L II USM
Laurence Geai a étudié la gestion à l'université, puis a commencé à travailler dans le secteur de la mode, avant de décider à l'âge de 25 ans qu'elle souhaitait « raconter les histoires de personnes du monde entier ». C'était selon ses propres termes une décision « très naïve » car elle n'avait aucune expérience en journalisme ou en reportage. Elle décide alors de suivre des stages à la télévision pour se perfectionner. En parallèle, elle commence également à photographier des mariages le week-end, afin d'améliorer les compétences qui lui seront utiles par la suite. « En quoi consiste la photographie de mariage ? », poursuit-elle. « Vous devez être rapide pour ne pas manquer le moment parfait. Il s'agit d'un véritable reportage. »
La carrière de Laurence a pris un tournant décisif lors de sa rencontre avec le célèbre photographe de guerre français Patrick Chauvel. « Je voulais comprendre comment une personne pouvait risquer sa vie pour relater les histoires d'autres personnes », explique-t-elle. « Je lui ai posé un grand nombre de questions et ses réponses m'ont donné envie de raconter ces histoires à mon tour. » En 2013, deux ans après le début de la guerre en Syrie, Laurence prépare son équipement photo pour partir. « J'étais curieuse de connaître la réaction des gens dans les zones en guerre, de voir comment ils arrivaient à gérer leur quotidien », se souvient-elle. « Je voulais vérifier que j'avais suffisamment de courage pour le faire ». Laurence est retournée 13 fois en Syrie par la suite.
À son retour de Syrie, Laurence a passé trois mois en 2014 en République centrafricaine, où elle a « appris à réaliser de vraies photos ». Autodidacte, elle a été guidée dans son parcours par des figures du milieu telles que Jérôme Delay, photographe pour Associated Press. Le travail de Laurence l'a depuis conduite dans tout le Moyen-Orient, de Gaza en 2014 à l'Irak, en passant par le Liban et la Syrie, puis dans des zones plus lointaines tels que l'Azerbaïdjan, où elle a couvert le conflit dans le Haut-Karabakh, et plus récemment en Ukraine. Après avoir évolué de la série 5D au Canon EOS 5D Mark IV, qu'elle décrit comme un « ami proche », Laurence utilise désormais l'appareil photo hybride Canon EOS R5.
Son reportage photo sur le Covid-19 dans sa ville de Paris lui a permis de remporter le troisième prix de la catégorie General News (Actualités générales) du concours World Press Photo 2021. Elle a également remporté le Grand Prix du festival « Les femmes s'exposent » en 2020, la bourse Reuters en 2019 et le Prix du photographe de l'année du Polka Magazine en 2017.
Quel résultat souhaitez-vous atteindre à travers votre photographie ?
« Mon souhait est de réaliser des photos qui restent gravées dans les mémoires au fil des ans. Je fais peu de portraits, je suis moins à l'aise pour diriger une personne. Je préfère dépeindre une scène, comme le faisaient les tableaux avant la photographie, c'est ma source d'inspiration. »
Qu'avez-vous appris des expériences de vos débuts sur le terrain lors de votre premier voyage en Syrie ?
« Pour être honnête, mes photos n'étaient pas très réussies, et je savais pourquoi. J'éprouvais de la timidité à rentrer chez les gens et à discuter avec eux. Pour être photojournaliste, être bon photographe ne suffit pas : vous devez avoir confiance en vous, et c'est quelque chose qui s'acquiert avec le temps. Travailler sur une zone de guerre est difficile. Les trois qualités que je considère comme les plus importantes sont l'empathie, la curiosité et la patience. Parfois, je dois faire preuve de ténacité selon le reportage sur lequel je travaille. Si je ne peux pas rentrer par la porte, j'essaie de passer par la fenêtre. »
Comment réagissez-vous face aux aspects difficiles des histoires que vous racontez ?
« La première fois que j'ai vu des choses difficiles, j'ai pleuré. Je ne pouvais plus m'arrêter. Désormais, j'essaie de contenir mes émotions devant les autres. Lorsque je fais face à des situations difficiles, cela peut être déstabilisant et effrayant, mais je dois me concentrer sur le travail que je suis venue faire. Je dois décider rapidement de mes actions. J'ai dû apprendre à faire face à des situations stressantes et à ma propre peur. Je ne me comporte pas de la même manière aujourd'hui qu'au début de ma carrière. J'éprouve beaucoup d'empathie. Il m'arrive d'être affectée par ce que je vois, mais c'est le prix à payer pour le travail que je fais. »
Quel conseil donneriez-vous à une personne qui souhaite devenir photojournaliste ?
« Pour devenir photojournaliste, être capable de réaliser de belles photos bien cadrées constitue un atout, mais je pense qu'il faut d'abord être journaliste. Mon conseil serait d'étudier le journalisme et de pratiquer le photojournalisme au quotidien ; c'est l'unique façon de s'améliorer. L'avantage de ce métier, c'est qu'il y a toujours une histoire à raconter, quel que soit l'endroit où vous vous trouvez. »
Ce que je sais
Laurence Geai
« Tous les êtres humains sont semblables. Nous éprouvons tous les mêmes émotions. Avoir compris cela m'aide beaucoup et me permet d'être moins timide dans mon approche des autres. Cela me conforte également dans ma façon de les photographier. Je fais tout mon possible pour réaliser des photos à travers lesquelles chacun peut se reconnaître. Lorsque je discute avec des personnes et que je les photographie, je veux que leur voix soit entendue. Je sais que je suis capable de travailler sur les zones de guerre ; je sais trouver les histoires qui méritent d'être racontées. Lorsque je publie mon travail dans Le Monde par exemple, mes photographies ont un véritable impact. Même si notre reportage ne changera pas la situation sur place, notre travail est de transmettre les informations et c'est ainsi que je me sens véritablement utile. »
Instagram : @laurencegeai
Twitter/X : @laurencegeai
Site Web : laurencegeai.com
Équipement de Laurence Geai
Kit utilisé par la plupart des photographes professionnels
Appareils
Canon EOS R5
Un appareil photo hybride plein format professionnel offrant des photos haute résolution (jusqu'à 20 im./s) et des vidéos au format RAW 8K 12 bits. « Cet objectif est parfait : léger et particulièrement réactif », explique Laurence Geai. « Impossible de manquer une seule photo. »
Canon EOS R6 Mark II
Capturez des moments éphémères à la vitesse maximale de 40 im./s avec une qualité d'image sensationnelle, même dans une obscurité quasi totale. L'autofocus basé sur une IA de type Deep Learning permet de verrouiller les sujets en mouvement rapide, où qu'ils se trouvent dans le cadre.
Objectifs
Canon EF 35mm f/1.4L II USM
Objectif grand angle professionnel doté d'une perspective naturelle et d'excellentes capacités en basse lumière. « Cet objectif me permet de savoir exactement où me positionner », précise Laurence. « Pour moi, c'est l'objectif par excellence. »
Canon EF 50mm f/1.2L USM
Un objectif à focale fixe de 50mm ultra-rapide offrant une très grande ouverture maximale pour un contrôle précis de la profondeur de champ. « J'aime être au plus près de l'action », dit Laurence, qui préfère utiliser des objectifs à focale fixe dès que la situation le lui permet.
Canon RF 24-70mm F2.8L IS USM
Zoom de 24-70mm doté d'une ouverture rapide et d'une stabilisation d'image à 5 vitesses. Laurence utilise en toute confiance son zoom professionnel favori pour couvrir des manifestations à Paris ou le conflit en Ukraine.
Canon EF 70-200mm f/2.8L IS USM
Un téléobjectif hautes performances, compact et maniable. « Lorsque je couvre des sujets liés à la politique, j'ai besoin d'un objectif de 70-200mm pour capturer l'action de plus loin », poursuit Laurence. « J'utilise également cet objectif sur les zones de guerre, lorsque je ne peux pas m'approcher de trop près. » Désormais remplacé par le modèle Canon EF 70-200mm f/2.8L IS III USM.
Accessoires
Bague d'adaptation monture Canon EF-EOS R
Cet adaptateur permet à Laurence Geai d'utiliser ses objectifs EF et EF-S sur les appareils photo dotés du système Canon EOS R, tout en conservant les mêmes niveaux de performances et de fonctionnalités.
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