La photojournaliste Meeri Koutaniemi aime s'approcher au plus près de ses sujets, ainsi que de leurs histoires. « Je pense toujours qu'en chacun d'entre nous existe une fenêtre ouvrant vers de plus grandes perspectives », explique-t-elle. « En tant que photographe, ma force est de savoir m'approcher des gens et d'immortaliser l'instant présent. Il m'arrive parfois d'être tellement fascinée par la personne que je rencontre que j'oublie de reculer de quelques pas et je ne vois plus ce qui m'entoure. »
Basée à Helsinki, en Finlande, Meeri s'intéresse principalement aux problèmes des droits de l'homme, principalement sous l'angle de l'identité et de l'activisme. Elle a recueilli, dans plus de 70 pays, des histoires captivantes de résilience et de survie, notamment en documentant l'aide humanitaire lors de conflits et de déplacements de population, de la guerre civile en Syrie à la crise des Rohingya en Birmanie.
Si elle devait résumer son travail de grande envergure, Meeri dirait qu'il s'articule autour de questions liées à l'identité, la liberté d'expression, la parole et le mouvement. « À mes yeux, la liberté et les modes de survie et de résistance sont essentiels », explique-t-elle.
DOCUMENTAIRE ET PHOTOJOURNALISME
Meeri Koutaniemi
Née en Laponie, Meeri a grandi au sein d'une famille passionnée de photographie : sa mère réalisait des photos de famille et son père photographiait la nature et montrait à ses enfants des diaporamas sur un projecteur. Meeri avait 15 ans la première fois qu'elle a utilisé un appareil photo de façon professionnelle, en débutant par la photographie en noir et blanc. « J'ai consacré mes premières années de photographe à mener des recherches, des études et des expérimentations sur la lumière et les ombres », se souvient-elle. « Mais également à une façon plus artistique d'observer le monde. » Elle a passé de nombreuses heures dans les chambres noires pour développer ses clichés, tout en acquérant une conscience politique en parallèle.
« Je suis devenue politiquement très active et impliquée sur les questions sociales », explique Meeri. « J'ai commencé à me demander comment je pourrais associer ce hobby artistique à ma personnalité d'activiste. Lorsque j'ai découvert le photojournalisme, j'ai tout de suite su que j'allais consacrer mon travail à raconter les histoires des autres. » À l'âge de seulement 19 ans, attirée par les histoires de changement humain et désireuse de comprendre le monde, Meeri emporte dans sa valise son premier appareil photo numérique, un Canon EOS 350D, pour partir un mois en Inde enquêter sur le travail des enfants et le système de castes.
Domaines de spécialité : photojournalisme, droits de l'homme
Équipement de prédilection : Canon EOS R5
Canon RF 24-70mm F2.8L IS USM
« Je dis toujours que je me trouvais à la croisée des chemins de ma carrière », confie-t-elle. « J'ai compris dès ce jeune âge que je pouvais travailler comme journaliste en poursuivant mon parcours avec persévérance, en pratiquant et en étudiant. Je n'ai jamais abandonné parce que j'étais une femme ou parce que j'étais trop jeune. » Plus tard au cours de la même année, elle séjourne trois mois en Amérique centrale. Autorisée à publier les clichés de ses voyages malgré son manque d'expérience formelle, elle s'inscrit à une formation de journalisme à l'université de Tampere, en Finlande.
Au cours de ses études, Meeri continue à voyager et à documenter des sujets relatifs aux droits de l'homme à l'international. « Chaque année, je m'octroyais une période de temps libre pour me consacrer à mes projets personnels », se remémore-t-elle. « J'ai toujours fonctionné ainsi. » Pendant ces périodes, elle a notamment documenté les démolitions d'habitations en Cisjordanie. « Massives et dramatiques, les violations des droits de l'homme en Palestine ont influencé ma volonté personnelle de consacrer davantage de temps à l'avenir aux droits de l'homme et aux questions sociales en tant que photojournaliste. Les histoires auxquelles j'ai assisté m'ont affectée personnellement, et ont renforcé mon activisme. »
Meeri n'a jamais rêvé de gravir les échelons de façon classique, des petits magazines à l'actualité nationale. Décidée à conserver sa liberté pour suivre ses passions, elle s'installe en indépendante à temps plein dès l'obtention de son diplôme. Après avoir remplacé son appareil photo par un Canon EOS 5D dès son lancement, Meeri a bien failli voir sa jeune carrière s'arrêter avant même de débuter, lorsque tout son équipement a été volé dans un train en Serbie. Déterminée à ne pas abandonner, elle emprunte de l'argent à ses parents pour acheter un nouvel équipement et se lancer dans le photojournalisme.
Souhaitant mettre en avant les droits des femmes, Meeri commence à travailler sur des zones de conflit. « Je ne me suis jamais considérée comme photographe de guerre, mais j'ai toujours été intéressée par les répercussions de la violence lors des conflits », explique-t-elle. Sa passion la transporte à la frontière de la Syrie, où elle documente les premières vagues importantes de réfugiés en transit vers le Liban et la Jordanie. Elle photographie également les processus de paix en Somalie et en Colombie.
Sa carrière prend un tournant décisif lorsqu'elle est envoyée au Kenya pour documenter les mutilations génitales féminines (MGF), où elle séjourne une semaine dans un refuge pour jeunes filles. « Cette thématique m'a beaucoup touchée personnellement », se souvient-elle. « Je passais mes journées à me demander ce que je pouvais faire de plus pour les aider. » Elle décide de se consacrer entièrement à ce sujet en créant une encyclopédie visuelle sur le thème des MGF. Depuis 11 ans, elle travaille régulièrement sur ce projet personnel à long terme, devenu le centre de son travail, et a documenté cette thématique dans 12 pays.
Ses clichés ont été exposés dans 50 salons à travers le monde et Meeri a obtenu des récompenses en Finlande et à l'étranger, notamment le prix du Photographe de l'année en Finlande en 2012 et 2013, ainsi que le prix Visa D'or du festival Visa pour l'image l'année suivante. Elle est sélectionnée pour participer à la master class « Joop Swart and VII » au cours de la même année, elle réalise des documentaires pour la télévision finlandaise et travaille comme écrivain et journaliste pour un programme artistique.
Les yeux tournés vers l'avenir, elle a pour objectif de finaliser son travail sur les MGF et de continuer à explorer les histoires des autres, de façon aussi personnelle que possible.
Pourquoi est-ce si gratifiant de travailler sur un projet à long terme tel que les MGF ?
« Travailler sur des projets à long terme permet d'acquérir une compréhension bien plus large d'un sujet. Cela vous permet également de continuer à documenter une personne, une communauté ou un phénomène, et de suivre l'évolution de la situation. Comme j'ai principalement travaillé sur les activistes locaux lors de mon projet MGF, cela m'intéresse de voir comment les acteurs du changement locaux vont de l'avant. Beaucoup d'activistes sont devenus mes amis, auxquels je rends visite souvent. C'est l'aspect le plus gratifiant de mon travail : assister à la transformation de chacun par le biais de l'activisme. »
Quand choisissez-vous de photographier en noir et blanc au lieu de la couleur ?
« Je suis tombée sous le charme du noir et blanc et j'ai appris à réfléchir en noir et blanc en termes de lumière. Pour moi, le noir et blanc est bien plus naturel. D'un autre côté, je vis dans un monde en couleur. Lorsque les appareils photo numériques sont sortis, j'ai été également fascinée par la couleur. Je définis le style d'image en fonction de chaque projet spécifique. Je prends ma décision en réfléchissant au style qui conviendra le mieux au récit que je raconte. Lors de mon premier documentaire sur les MGF au Kenya, où je devais photographier le rituel lui-même, j'ai décidé de choisir le noir et blanc, pour faciliter l'approche du sujet et le rendre plus apaisant. Je ne voulais pas choquer avec des images en couleur. »
Qu'est-ce qui vous motive dans votre travail et à documenter les histoires des sujets que vous choisissez ?
« Comprendre l'humanité, partager les histoires de changement et sensibiliser autant de pays et de cultures que possible. Nombreux sont les droits de l'homme et les violations de ces derniers qui nous concernent tous. Par exemple, les hommes doivent également se préoccuper et prendre des mesures concernant les droits des femmes. Ces actions ne peuvent pas être réalisées individuellement, elles nécessitent un mouvement international au sein duquel chacun doit tenir un rôle. Il en va de même pour la crise climatique. Quand allons-nous commencer à défendre collectivement les droits de la nature comme nous le faisons pour les droits de l'homme ? C'est notre prochain objectif commun. »
Selon vous, où s'arrête la ligne entre journalisme et activisme ?
« J'ai toujours été activiste. Je l'étais déjà avant de devenir photographe. L'activisme tient donc une place importante dans ma personnalité, ma motivation et mon inspiration. Mais pour travailler sur un sujet de façon professionnelle, vous devez mettre de côté vos propres croyances, objectifs et solutions. Faire preuve de responsabilité est primordial en photojournalisme, pour montrer différents aspects, angles et perspectives. À l'inverse, en tant qu'activiste, vous devez aller au cœur du problème. Il ne suffit pas de défendre ou de lutter contre quelque chose, vous devez d'abord essayer de le comprendre. Ma vision de l'activisme n'est pas d'orienter les esprits vers une direction prédéterminée, mais de susciter la réflexion. Pour moi, il n'existe pas de conflit entre journalisme et activisme, car les deux thèmes ont la même finalité. Partager des récits et des informations nous oblige à nous poser des questions essentielles et à identifier des passerelles pour créer davantage d'acceptation, de solidarité et de compréhension. »
Ce que je sais
Meeri Koutaniemi
« Raconter les histoires des autres, c'est avoir la possibilité de faire découvrir au public des histoires personnelles. Je préfère que mes récits soient aussi personnels que possible. Je ne crains pas de montrer la dimension humaine d'une personne ou de ses émotions. En tant que journalistes, nous avons également la responsabilité de faire ressortir les contradictions naturelles dans nos récits, d'essayer de ne pas synthétiser les personnages en noir et blanc, mais plutôt de montrer leurs nuances et leurs niveaux de gris : les petits détails qui font toute la différence. »
Facebook : Meeri Koutaniemi Photographer
Instagram : @meerikoutaniemi
Twitter/X : @meerikouta
Site Web : meerikoutaniemi.com
Équipement de Meeri Koutaniemi
Kit utilisé par la plupart des photographes professionnels
Appareil
Canon EOS R5
Un appareil photo hybride plein format doté d'un capteur de 45 millions de pixels et d'un stabilisateur d'image sans précédent. « C'est un équipement très pratique pour le photojournalisme », souligne Meeri. « La qualité de l'image est incroyable. »
Objectifs
Canon RF 24-70mm F2.8L IS USM
Un objectif zoom RF rapide, offrant une distance focale de 24-70 mm très appréciée des photographes, ainsi qu'une ouverture maximale de f/2,8 constante. « C'est mon objectif de prédilection, qui me permet de réaliser un large éventail de créations », confie Meeri. « Il va du grand-angle au zoom, en passant par des portraits de 50, 60 ou 70 mm. »
Canon RF 50mm F1.2L USM
Cet objectif 50mm incontournable confère à la photographie plein format des performances optiques d'un nouveau genre. « Je réserve cet objectif pour des occasions particulières, principalement pour des portraits », explique Meeri.
Canon RF 85mm F1.2L USM
Pour ses portraits, Meeri aime également utiliser son objectif 85mm, rapide et lumineux, offrant une précision optique incroyable et une ouverture de f/1,2, des résultats exceptionnels en basse lumière et une netteté extraordinaire.
Accessoires
Éclairages LED
« À Helskinki, dans mon studio personnel, j'utilise des flashs, mais je ne les emmène pas en voyage », explique Meeri. « Lors de mes déplacements, j'utilise uniquement quelques éclairages LED. »
Tissu
Pour créer un décor de studio lors de ses déplacements, Meeri transporte avec elle un morceau de tissu qu'elle accroche dès qu'elle en a besoin en guise d'arrière-plan pour ses portraits.
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