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Comment utiliser la technique d'empilement de mises au point pour obtenir encore plus de détails

A macro shot showing the inside of a yellow poppy with dew droplets on the petals.
Découvrez pourquoi l'empilement des mises au point est une excellente technique pour augmenter le niveau de détail de vos photos. Pour photographier ce coquelicot à une distance de mise au point rapprochée, l'ambassadeur Canon Christian Ziegler a dû empiler 16 ou 17 photos pour obtenir une image nette de la fleur tout entière. Photo prise avec un Canon EOS-1D X Mark III équipé d'un objectif Canon EF 100mm f/2.8L Macro IS USM à 1,6 s, f/14 et ISO250. © Christian Ziegler

C'est sans doute le plus gros problème de la photographie macro : vous vous rapprochez de votre sujet et choisissez généralement une grande ouverture pour capter un maximum de lumière, mais la profondeur de champ devient alors très réduite, ce qui laisse une grande partie de l'image floue. Que vous preniez des photos macro d'insectes minuscules ou d'un vaste paysage, vous aurez parfois besoin d'une plus grande profondeur de champ que celle que vous pouvez obtenir avec une seule prise de vue et un seul objectif. Utiliser une ouverture plus petite ne garantit pas toujours une netteté suffisante sur l'ensemble du cadre, en particulier lors des prises de vue macro. C'est là que l'empilement des mises au point entre en scène.

Pour créer des images avec des mises au point empilées, on commence par utiliser le bracketing sur un certain nombre de photos du même sujet où des parties légèrement différentes du sujet seront mises au point. Ces photos sont ensuite superposées, ou « empilées », en post-production pour produire une image unique avec une plus grande profondeur de champ, où le sujet sera net dans tout le cadre. C'est un excellent moyen de dépasser les limites naturelles d'un objectif et de créer des images extraordinairement nettes et détaillées.

Mais comment réussir à prendre ces photos empilées et à les mélanger ? Quelle est la différence de technique entre la photographie de paysages et la photographie macro, quel est le meilleur kit à utiliser et comment transformer une succession de prises de vue en une seule image détaillée ? Christian Ziegler, ambassadeur Canon et photojournaliste spécialiste de la nature, Matt Doogue, spécialiste de la photographie macro, et David Clapp, photographe de paysages et de voyages, nous expliquent ici comment ils utilisent l'empilement des mises au point pour créer des photos riches en détail.

A close-up image of the head of a banded centipede.
Gros plan sur la tête d'une scolopendre, avec un agrandissement 4x. Photo prise avec un Canon EOS 6D (désormais remplacé par le Canon EOS 6D Mark II) équipé d'un objectif Canon MP-E 65mm f/2.8 1-5x Macro Photo. Cette image a été créée avec huit prises de vue empilées, prises à 1/100 s, f/9 et ISO320. © Matt Doogue

1. Portraits d'insectes en gros plan

Matt Doogue a commencé à photographier des insectes et des arachnides il y a sept ans. Il a perfectionné sa technique d'empilement des mises au point pour contourner le problème de la profondeur de champ extrêmement réduite en photographiant de petits sujets à fort grossissement. Il utilise généralement un Canon EOS 6D (désormais remplacé par le Canon EOS 6D Mark II) équipé d'un objectif Canon MP-E 65mm f/2.8 1-5x Macro ou Canon EF 100mm f/2.8L Macro IS USM, qu'il privilégie pour leur grande ouverture et leur facteur d'agrandissement.

« La plupart des gens pensent qu'une très petite ouverture permet d'obtenir une meilleure mise au point du sujet », explique-t-il. « C'est exact, mais cela crée également une diffraction : la lumière se disperse, ce qui réduit la netteté de l'image, et les expositions sont beaucoup plus longues ».

« Photographier à de grandes ouvertures comme f/2.8 évite la diffraction et me permet de laisser entrer davantage de lumière. Je peux donc utiliser des expositions plus courtes. Cependant, si je photographie une araignée avec un grossissement de 5x sur mon objectif macro 65 mm, seuls les deux yeux à l'avant seront nets, le reste sera complètement flou. L'empilement des mises au point me permet de faire la mise au point sur toute la tête pour obtenir un portrait incroyable ».

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Comme il photographie des sujets vivants et en mouvement, Matt doit souvent travailler rapidement pour prendre plusieurs photos d'un sujet à des points focaux légèrement différents. Pour ce faire, Matt prend la plupart du temps des photos à main levée, ce qui lui offre une plus grande liberté de mouvement. Plutôt que de déplacer la bague de mise au point sur l'objectif, ce qui modifierait également le grossissement sur un objectif macro, il déplace l'appareil photo d'avant en arrière pendant la prise de vue.

Le nombre de photos que Matt prend d'un sujet dépend en partie du niveau de grossissement utilisé. Par exemple, s'il prend des photos avec un grossissement de 1x, il lui faudra empiler trois ou quatre images pour obtenir un sujet net, mais avec un grossissement de 2x, il lui faudra huit prises de vue, et ainsi de suite.

Le nombre de prises de vue dépend en partie du nombre de photos qu'il peut prendre avant que le sujet ne bouge. « Les araignées sauteuses, par exemple, se déplacent fréquemment, donc j'ai de la chance si j'arrive à prendre deux ou trois photos », explique-t-il. « Avec des sujets comme les scarabées ou les araignées sur leur toile, j'essaie toujours de prendre au moins huit clichés. Il est important de prendre un maximum de photos avec des points focaux différents, car la profondeur de champ de l'image dépend directement du nombre d'images utilisées ».

A focus-stacked macro shot of a purple iris on a black background, with all the flower and stem in sharp focus.
Pour photographier cet iris, Christian a utilisé cinq prises de vue avec des points focaux différents et les a combinées en post-traitement. Photo prise avec un Canon EOS-1D X Mark III équipé d'un objectif Canon EF 100mm f/2.8L Macro IS USM à 0,3 s, f/25 et ISO800.
© Christian Ziegler
A macro shot of a purple iris on a black background, with only a very narrow part of the flower in sharp focus.
L'une des photos de l'assemblage de Christian affiche clairement une profondeur de champ nettement plus réduite que l'image finale.
© Christian Ziegler

2. Révéler les détails de la nature grâce à la photographie macro

Christian Ziegler a récemment utilisé la technique d'empilement des mises au point pour une série de photos de fleurs et de plantes, prises en Écosse sur son Canon EOS-1D X Mark III avec un objectif Canon EF 100mm f/2.8L Macro IS USM.

« J'ai redécouvert l'empilement des mises au point pendant le confinement du Covid-19, quand nous étions tous coincés chez nous », explique-t-il. « J'ai utilisé cette technique il y a environ 15 ans au Panama pour les fleurs, mais c'était beaucoup plus compliqué à l'époque. Aujourd'hui, le post-traitement est si simple qu'il est facile de prendre quelques photos, de faire des essais et de voir si le résultat est bon ».

« J'ai passé beaucoup de temps à prendre des photos au début du printemps. J'aime particulièrement les fleurs printanières et les jeunes feuilles. J'ai rassemblé de nombreux spécimens et je les ai ramenés dans mon studio pour faire des essais, en prenant plusieurs photos et en les empilant pour créer une image parfaitement nette. Je pense que cette technique fonctionne vraiment bien pour révéler les détails naturels des fleurs, des bourgeons et des insectes. J'ai voulu montrer la beauté et la nature délicate de ces sujets ».

Three wild honeybees drink water, their tongues creating not even a ripple in their reflections.

À l'intérieur du nid : gros plans d'abeilles sauvages

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Tandis que Matt développe sa technique pour saisir un maximum de détails sur ses sujets en mouvement avant qu'ils ne changent de position, Christian peut prendre son temps avec ses sujets fixes pour capter le moindre nanomètre qui l'intéresse. Il ramène des fleurs comme des coquelicots et des jacinthes, ainsi que des plantes comme des fougères et des orties, dans son studio. Cela lui permet de contrôler la lumière et d'éviter que le vent ne déplace ses sujets pendant et entre les expositions. Il réalise généralement entre 4 et 17 expositions pour capturer les sujets mis au point du point le plus proche au point le plus éloigné, pour s'assurer que chaque trichome (fines excroissances) et motif est bien net.

Christian utilise un trépied pour garantir une stabilité parfaite, puis photographie les fleurs sur un fond noir pour attirer l'attention sur leur forme, leurs textures et leurs couleurs. Le Canon EF 100mm f/2.8L Macro IS USM est idéal pour empiler des mises au point de plantes, car « il est vraiment précis », explique-t-il.

La photographie de sujets statiques en intérieur permet d'obtenir de bons résultats, à condition d'avoir une approche méthodique, explique Christian. « Je ne pense pas qu'on puisse vraiment se tromper avec cette technique », poursuit-il. « J'encourage les gens à essayer plusieurs sujets différents : les gros plans de plantes, de champignons ou d'insectes fonctionnent très bien. Je dirais que les seules erreurs que j'ai faites sont d'avoir tenté de prendre des photos à l'extérieur lors d'une tempête. Cela n'a pas fonctionné ! Il faut vraiment que le sujet soit immobile ».

The aurora borealis over the ice at Kirkjufell, Iceland.
David Clapp a combiné neuf photos de cette scène illustrant les aurores boréales à Kirkjufell, en Islande. Elles ont été prises à des points focaux légèrement différents afin que le résultat final soit net du premier plan à l'arrière-plan. « La forme dans la glace est créée par la glace côtière qui se soulève au-dessus des rochers à marée haute, ce qui fait remonter la glace lorsque la marée redescend et la fait éclater », explique David. Photo prise avec un Canon EOS-1D X (désormais remplacé par le Canon EOS-1D X Mark III) équipé d'un objectif Canon EF 16-35mm f/2.8L II USM (désormais remplacé par l'objectif Canon EF 16-35mm f/2.8L III USM) à 30 s, f/2.8 et ISO3200. © David Clapp
A black-and-white shot of the rocks at Westcombe Bay, Devon, England.
Cette photo de la baie de Westcombe, dans le Devon, en Angleterre, a été réalisée à partir d'un empilement d'environ 15 images. Le processus a pris 45 minutes, David ayant fait du « light-painting » sur les rochers du premier plan sous plusieurs angles à l'aide d'une lampe torche. Photo prise avec un Canon EOS 5D Mark IV équipé d'un objectif Canon EF 16-35mm f/2.8L (désormais remplacé par l'objectif Canon EF 16-35mm f/2.8L III USM) à 20 mm, 25 s, f/2.8 et ISO3200. © David Clapp

3. Prise de vue en extérieur : empilement des mises au point pour les paysages

L'empilement des mises au point est également une technique utile pour photographier des paysages. David Clapp, spécialiste des paysages et des voyages, l'utilise depuis plus de 10 ans pour créer des images nettes, du premier plan à l'arrière-plan.

Il l'utilise principalement pour étendre la profondeur de champ au-delà des capacités de l'objectif qu'il utilise, en particulier les téléobjectifs. Il l'utilise également lorsqu'il photographie dans des conditions de basse lumière et constate qu'il n'est pas possible de conserver une vitesse d'obturation suffisante pour éviter les mouvements du sujet tout en gardant la mise au point sur tous les éléments nécessaires.

David utilise le Canon EOS 5D Mark IV équipé de l'objectif Canon EF 24-70mm f/4L IS USM et du Canon EF 100-400mm f/4.5-5.6L IS USM (désormais remplacé par le Canon EF 100-400mm f/4.5-5.6L IS II USM). Grâce à la mise au point manuelle, il commence par régler la mise au point de l'objectif sur l'infini et modifie progressivement son point focal jusqu'à ce qu'il atteigne la partie la plus proche du premier plan. Son appareil photo est toujours monté sur trépied.

« Les photos prises avec des objectifs à grand-angle et de petites ouvertures offrent une profondeur de champ native importante. Quelques photos suffisent pour obtenir une image nette », explique-t-il. « Cependant, plus la distance focale est longue, plus il faut faire attention à la manière dont les images s'empilent. En basse lumière, les réglages de mise au point entre chaque photo seront très réduits, car l'ouverture sera plus grande et donc la profondeur de champ sur chaque image sera plus petite. Le pire qui puisse arriver lors de l'empilement des mises au point est d'avoir une partie de la scène floue entre deux images. »

Lorsque l'on prend des photos de paysages à empiler, dit-il, il y a plusieurs choses à garder à l'esprit. « Quand on travaille sur des surfaces instables comme du sable, la position du trépied se déplace très légèrement chaque fois que l'on manipule l'appareil photo. Il faut s'assurer qu'il est bien ancré dans le sol et qu'il ne bouge pas. De plus, il faut utiliser l'exposition manuelle, car l'utilisation d'un mode automatique peut entraîner une modification de l'exposition ou de la balance des blancs d'une image à l'autre, ce qui complique le post-traitement ».

A macro shot of a green orb weaver spider on a leaf.
Matt a photographié cette araignée tisserande verte dans son jardin à l'aide d'un Canon EOS 6D équipé d'un objectif Canon MP-E 65mm f/2.8 1-5x Macro. L'image finale a été réalisée à partir de cinq photos empilées prises à 1/125 s, f/6.3 et ISO400. © Matt Doogue

Méthodes de post-traitement pour l'empilement des mises au point

Certains appareils photo Canon, comme le Canon EOS R5, le Canon EOS R6, le Canon EOS RP et le Canon EOS 90D disposent d'une fonction de mise au point automatique intégrée qui facilite la création de photos à empiler. Cette dernière permet de régler l'appareil photo pour prendre le nombre de photos souhaité à des incréments de mise au point sélectionnés. L'appareil photo commence le bracketing de mise au point à partir du point le plus proche et continue à l'infini. Plus l'ouverture est large, plus les incréments de mise au point sont progressifs et plus le nombre de prises de vue est élevé.

Une fois les photos de l'assemblage réunies, les trois photographes ont différentes façons de créer leurs images empilées finales, à l'aide d'un logiciel de retouche d'images général ou de programmes d'empilement de mises au point dédiés. Cependant, leur processus de post-traitement est globalement identique : les photos présentant le plus grand nombre de points focaux sont sélectionnées et éditées ; elles sont ensuite alignées et fusionnées en une seule image composite, dont toutes les anomalies ont été supprimées (comme la patte d'un insecte qui s'est déplacée entre deux expositions dans le cas de Matt).

Le logiciel Digital Photo Professional (DPP) de Canon, téléchargeable gratuitement pour les détenteurs d'appareils photo Canon EOS, est l'outil idéal. Les versions 4.10 et ultérieures incluent une fonction de composition de la profondeur, compatible avec les photos prises sur des appareils photo utilisant le bracketing de mise au point, ainsi qu'avec les appareils Canon EOS R, Canon EOS RP et Canon EOS 5D Mark IV. Cette fonction permet d'ajuster automatiquement les images de plusieurs manières, par exemple en lissant la limite de composition. L'image produite peut être retouchée à l'aide de l'outil d'édition de composition de la profondeur pour produire une seule image parfaitement nette.

Rédigé par David Clark


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