Le rôle de producteur est moins bien connu que celui de réalisateur. En quoi ce rôle consiste-t-il ?
« Un producteur est la personne qui permet la réalisation d'un film. Il commence par réunir tout ce qui est nécessaire. Le producteur décide des éléments constituant une bonne histoire. Il doit ensuite convaincre d'autres personnes, notamment quelqu'un prêt à investir des millions. Il faut trouver les bons arguments pour attirer un investisseur tel que Paramount, MGM, etc. Il choisit les acteurs, trouve et engage un réalisateur, réunit la somme d'argent nécessaire et gère la production. Il peut également superviser la sortie du film. Il suit le projet du début à la fin, ce qui fait de lui le membre de l'équipe le plus ancien. Lors de la phase de production, le producteur est essentiellement au service du réalisateur. Si ce dernier souhaite que le Taj Mahal soit déplacé de 5 cm sur la gauche et que vous pouvez le faire, faites-le. Si cela coûte un milliard de dollars, vous ne le faites pas, mais vous essayez. »
D'où vous viennent vos idées ?« Trouver des idées pour en faire des films est une tâche très importante pour les producteurs. Sans matériel ni projet, un producteur n'a pas de travail. Je lis tout ce qu'il m'est possible de lire, je lis des scripts jusqu'à n'en plus pouvoir, ce qui est souvent le cas. J'ai produit un film, Le Convoi (1978), en m'inspirant uniquement d'une chanson. Si une chanson vous donne l'idée d'un film, vous devez également pouvoir vous inspirer de pièces de théâtre, de livres, de n'importe quoi. Dans la plupart des cas, je cherche à faire quelque chose d'original, pas un remake. »
Vous avez travaillé avec Ridley Scott sur Blade Runner. Comment choisissez-vous vos réalisateurs ?« En fonction du style du film et du travail. Ridley Scott était le choix idéal pour Blade Runner. Pour moi, il était parfait. Il avait fait des films sur l'espace et les extraterrestres. Selon moi, il a la meilleure vision dans ce domaine. Les détails sont l'une des spécialités de Ridley Scott. Il est capable de dessiner sa vision de la scène telle qu'elle doit être. Alors que les acteurs attendaient, il lui arrivait de s'asseoir sur une grue et de déplacer de 15 cm un cendrier qu'il avait repéré au coin d'une table. Son extraordinaire souci du détail a rendu ses scènes magnifiques et inoubliables, l'action en elle-même mise à part. »
Lorsque vous avez vu les plans d'origine de Blade Runner, vous n'étiez pas convaincu. Comment avez-vous trouvé le financement pour un film de science-fiction dystopique ?« Je n'ai pas lu l'œuvre originale de Philip K. Dick, mais seulement un scénario écrit par Hampton Fancher. Au début, je n'avais pas de film en tête. Je suppose que l'idée de science-fiction, en tant que telle, ne m'avait pas traversé l'esprit. En ce qui concerne le financement de ce film dystopique, au début, les investisseurs ne savaient pas dans quoi ils investissaient. Plus les investisseurs se rendaient compte de la nature du film, plus ils étaient mécontents. En effet, ils commençaient à voir qu'il ne s'agissait pas du film joyeux qu'ils avaient imaginé. »